LES BIZUTAGES PASSENT, LES PHOTOS/VIDÉOS RESTENT
Avant d’accepter de subir un bizutage, tradition, “baptême” etc.,et de vous ridiculiser, de vous déshabiller, sous la pression du groupe ou parce que l’atmosphère s’y prête, rappelez-vous que les photos et les vidéos de votre exhibition circuleront pendant de longues années, et qu’elles peuvent réapparaître au moment où ça vous gênera, un peu, beaucoup ou énormément. A l’occasion de votre mariage (si un(e) rival veut se venger), d’une embauche, dans votre éventuelle vie publique…
Des correspondants nous signalent d’ailleurs régulièrement des photos et des vidéos qui circulent sur Internet, et dont les “héros” et les “héroïnes” préfèreraient qu’elles n’existent pas.
On en trouve apparemment sur des sites pornographiques, d’autant qu’à la diffèrence des scènes tournées par des professionnel(le)s, celles-ci présentent l'”avantage” de présenter des jeunes qui n’étaient pas volontaires ou qui regrettent, un peu tard, d’avoir accepté de se laisser bizuter. L’exhibition + la honte, voilà de quoi réjouir les voyeurs/voyeuses.
Nous ne donnons pas les références de ces sites pour ne pas ajouter à la honte des bizut(e)s. Quand nous publions des photos, nous cachons le visage des victimes.
Ces photos/vidéos pourraient d’ailleurs intéresser des avocats.
A propos du “consentement” des personnes qui auraient “accepté” d’être bizutées, rappelons que cette notion n’existe pas en France. La loi Ségolène Royal prévoit des sanctions dans tous les cas.
Dans d’autres pays, la loi peut être différente, mais:
1) le “consentement” peut en réalité résulter d’une pression psychologique, de menaces ou même de violences physiques. C’est évident sur certaines vidéos.
2) ce “consentement” peut éventuellement être invoqué par les bizuteurs/bizuteuses pour le bizutage lui-même, mais certainement pas pour la diffusion des images.
A propos de SOS Bizutages…
Le site SOS BIZUTAGE reprend le nom du comité créé par Jean-Claude Delarue dans le cadre de l’ADUA (Association des Usagers de l’Administration) et qui fait partie aujourd’hui de la FUT (Fédération des Usagers des Transports et des services publics).
Excédés et souvent indignés par les abus de bizutages qui étaient courant dans de nombreuses écoles (médecine, pharmacie, vétérinaires, petites et grandes écoles d’ingénieurs, de commerce et dans les classes de préparation aux grandes écoles), nous avons lancé une campagne il y a plus de 15 ans pour
1) Faire respecter les textes qui interdisaient ces pratiques depuis les années 20.
2) Mobiliser l’opinion publique pour lui faire comprendre que les bizutages sont loin d’être tous des petites brimades “amusantes”.
3) Faire pression sur les pouvoirs publics.
Contrat rempli en très grande partie. Après plusieurs années où SOS Bizutage se battait seul sur le terrain et dans les médias, l’opinion a basculé? Exemple: au cours de la même émission de débat à laquelle a participé Jean-Claude Delarue à trois ans de distance autour de 1990, 80% des auditeurs qui téléphonaient étaient pour le bizutage la première fois, 80% étaient contre la seconde. Et en 1998, un sondage a montré que 91% des Français soutenaient l’interdiction des bizutages.
Les pouvoirs publics ont également changé. Quand ils étaient ministres, René Monory et Lionel Jospin refusait d’intervenir. En 1997, en revanche, Ségolène Royal a pris le dossier très à cœur et a fait voter un texte de loi qui interdit les bizutages (texte intégré dans le Code Pénal).
Récemment, en 2002, nous avons dû réagir vivement quand Luc Ferry a déclaré qu’il fallait réfléchir à des bizutages “acceptables”. Et la loi, M. le Ministre? Depuis, le Grand Maître de l’Université a apparemment rangé sa copie. Mais il faut rester vigilant, d’où la création de ce site. Rien n’est jamais acquis.
SOS Bizutages s’intéressent aux bizutages à l’étranger. Déjà nous étions intervenus dans la presse belge francophone contre ce type de sévices, par exemple, à l’école vétérinaire où étudient de jeunes français.
Nous étendons aujourd’hui notre réseau à bien d’autres pays: la Lituanie, Madagascar, la Slovaquie, la Bulgarie pour commencer où nos correspondants mettent en cause les excès de certains bizutages à l’école – y compris au lycée – mais aussi à l’armée. On sait par exemple que les bizutages atteignent des sommets de sauvagerie dans l’armée russe, où des centaines d”appelés meurent chaque année à la suite de sévices ou parce qu’ils se sont suicidés.